Une technique pianistique, bonne et stable, nécessite, avant tout, des doigts très puissants et la capacité à gérer de manière convenable le poids de l’Appareil Moteur. Dans le cadre de ce chapitre, nous verrons une manière de renforcer ses doigts à travers une gymnastique sans piano.
Je présente ci-dessous ma vidéo comprenant quelques exercices sans utilisation du clavier, choisis parmi ceux proposés par Czesław Sielużycki (►Bibliographie) dans “La main du pianiste”.
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Exercices sans piano - partie 1 (ci-dessus)
Exercices sans piano - partie 2
La traduction française (Heinrich Neuhaus - “L’Art du piano”, Éd. Van de Velde, Paris 1971) ne comprend pas cet extrait.
Exercice 1 - FACILE
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● Préparation:
Mettez-vous près d’un mur et posez tous vos doigts sur celui-ci.
● Test:
Sans retirer les doigts du mur, reculez d’un ou de deux pas et observez la pression exercée sur les doigts – plus vous êtes loin du mur et plus elle est grande.
● Exécution:
Effectuez des “pompes verticales” dans cette position, en vous éloignant et vous rapprochant successivement du mur.
Exercice 2 - FACILE (ne concerne pas les doigts, mais les muscles de l’épaule)
Le professeur Woytowicz recommandait cet exercice pour améliorer la technique des secousses d’épaule.
Dans le cadre de la gymnastique quotidienne, après avoir effectué des pompes classiques, dont l’amplitude tourne autour d’une dizaine de centimètres, il faut garder la même position et réaliser une série de “mini-pompes” de faible amplitude, mais très rapides.
Une mauvaise exécution des exercices 3 et 4 peut endommager les mains. Il faut donc commencer prudemment par des tests qui consistent à se soulever sur les poings, afin de s’habituer à ressentir l’équilibre du corps et à transmettre progressivement son poids sur les mains.
Exercice 3 - ASSEZ DIFFICILE
● Préparation:
Accroupissez-vous et appuyez-vous sur les poings afin de vérifier si vous pouvez garder l’équilibre. Plus les pieds et les mains seront proches, plus faible sera la pression exercée sur les mains, mais l’équilibre sera plus difficile à maintenir.
● Test:
Penchez-vous légèrement afin de déplacer une partie du poids du corps des pieds vers les mains serrées en poings (voir la photo du haut).
● Exécution:
Prenez appui sur les extrémités des doigts et penchez-vous prudemment en avant, puis revenez à la position initiale. Répétez cet exercice plusieurs fois en faisant attention à ne pas surcharger les doigts. Vous pourrez déterminer la force appliquée, en appuyant vos mains contre une balance.
Exercice 4 - TRÈS DIFFICILE
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● Préparation:
Regardez la vidéo ci-dessus.
● Test:
Agenouillez-vous, prenez appui sur les poings et soulevez légèrement les genoux tout en faisant attention à la pression ressentie dans les mains.
● Exécution:
Prenez maintenant appui sur les doigts et soulevez de nouveau les genoux.
Une version plus avancée de cet exercice consiste à faire des pompes tout en prenant appui sur les doigts (et non pas sur les mains entières, comme c’est le cas des pompes classiques).
LES CONTUSIONS - il vaut mieux prévenir que guérir
Épargnez vos mains et votre colonne vertébrale!
Elles devront vous servir encore au moins pendant un demi-siècle.
● TENDONS - les blessures les plus dangereuses!
Vous trouverez quelques conseils simples concernant l’utilisation des tendons dans le chapitre Le poids de la main, point 4.4.
● COLONNE VERTÉBRALE
En ce qui concerne la colonne vertébrale, vous trouverez bientôt des conseils dans un chapitre en cours de préparation, dédié à la position au piano. Il s’agit, avant tout, de garder les pieds devant, près des pédales et de ne pas trop balancer le corps pendant le jeu, car ceci charge excessivement la partie lombaire de la colonne vertébrale, la partie la plus exposée. Plus facile à dire qu’à faire... :( :)
Une banquette spéciale, équipée d’un bouton permettant d’incliner le siège (pour le rendre plus bas à l’avant qu’à l’arrière), peut être utile.
● CARTILAGES - ne jouez pas trop fort!
Dès mon jeune âge, j’ai utilisé le doigté infaillible de mon professeur dans les mesures 28 à 32 de l’Étude Révolutionnaire: je frappais les notes basses sur les touches noires avec mon pouce pour faire ressortir leur puissance, un rendu plus facile de cette manière. Lorsque j’enregistrais cette Étude pour YouTube, en 2014, le pouce gauche me faisait tellement mal que j’ai dû changer le doigté.
D’où venait cette douleur?
Sur la radiographie ci-dessus, vous pouvez voir les bases des pouces marquées avec des flèches. Sur la MD, à la prolongation de la flèche verte, vous pouvez voir un gros trait sombre. Il s’agit d’un cartilage qui sépare les os. Son manque partiel à la base du pouce gauche (flèche rouge) résulte d’un jeu d’octaves trop fort (également dans ma jeunesse!), ce qui est, aujourd’hui, à l’origine de fortes douleurs dans certaines positions. C’est incurable: un cartilage endommagé ne peut être régénéré.
● EN GÉNÉRAL
De jeunes sportifs prometteurs sont suivis de près par des kinésithérapeutes (qui corrigent les défauts de posture et mouvements incorrects), ainsi que des psychologues (qui renforcent leur résistance au stress). Un kinésithérapeute expérimenté peut, par exemple, prévoir et prévenir des lésions des tendons en observant la fatigue des tissus. En revanche, je n’ai jamais entendu parler de jeunes musiciens bénéficiant d’un tel suivi, alors qu’ils sont soumis à des contraintes similaires, tant physiques que psychologiques. Les professeurs traitant de ces aspects dans leur travail avec leurs étudiants sont très rares.
● Comment déplacer un piano? Il peut arriver à chaque pianiste d’avoir à déplacer un piano. Tirer un lourd instrument (tout comme le fait de porter des valises lourdes ou de visser et dévisser des boulons résistants) provoque un étirement néfaste des articulations, tendons et ligaments.
Voici une solution simple proposée par le professeur Woytowicz: nous nous appuyons contre le piano avec “l’arrière-train” et nous poussons l’instrument sans effort “en marche arrière” :)
pour éviter de nombreux problèmes.