Cette question, répétée dans plusieurs mails qui m’ont été adressés par de jeunes pianistes, me sera certainement posée encore plus d’une fois.
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Cette phrase m’a été envoyée récemment (2023) par l’un de mes étudiants par vidéo et, en fait, suffit à elle seule à illustrer le propos de mon article. En d’autres termes - celui qui s’exerce dans un tempo lent ou moyen progresse rapidement.
Le jeu doit être IRRÉPROCHABLE, à tous les niveaux!
D’une manière générale, la base d’une technique pianistique efficace est l’alternance, c’est-à-dire la capacité de passer, parfois même extrêmement vite, d’un état de forte tension musculaire à celui de relaxation quasi complète et inversement. Ceci est nécessaire pour régler rapidement et précisément la vitesse à laquelle le poids de l’Appareil Moteur (AM) tombe sur le clavier et son retour à l’état d’équilibre, c’est-à-dire pour passer juste au-dessus du clavier. Si le poids reste trop longtemps sur le fond du clavier, les doigts surchargés s’enlisent dans le clavier, rendant impossible une technique rapide et efficace, et pouvant même entraîner des lésions tendineuses ou musculaires permanentes! Dans le cas contraire, c’est-à-dire si le poids de l’AM est maintenu trop haut au-dessus du clavier, le son sera superficiel, déséquilibré, et la technique sera en principe assez rapide, mais hachée et imprécise en raison du manque d’énergie à fournir aux touches. L’astuce consiste donc à faire osciller rapidement le poids entier de l’AM avec précision. Si ce principe théorique est relativement facile à comprendre, son application peut s’avérer assez difficile, car le moindre mouvement doit être soigneusement équilibré, mémorisé et reproduit ultérieurement dans une séquence bien définie. Si les mouvements sont trop amples, l’inertie excessive des bras et des mains qui en résulte ralentira le rythme. Si, au contraire, les mouvements sont trop petits, l’AM ne pourra pas faire son travail.
La plupart des personnes jouant du piano, quel que soit leur niveau, veulent tout de suite jouer très vite, sans se rendre compte que le jeu rapide n’est qu’un spectaculaire “sommet de l’iceberg” (photo: Uwe Kils, Wikipédia) et que tout l’énorme travail nécessaire pour jouer vite avec précision reste invisible. La base du jeu rapide est l’exercice LENT, car ce n’est qu’alors que vous pourrez contrôler pleinement tous les composants indispensables du texte musical, que vous n’avez pas encore suffisamment maîtrisé au début du travail sur le morceau. Si vous commencez à jouer trop vite à ce stade précoce, vous pourrez même éventuellement développer une certaine maîtrise, mais votre jeu manquera d’éléments musicaux les plus essentiels et fondamentaux. En d’autres termes, vous devez donner à vos muscles et à votre cerveau une chance de s’adapter au nouveau texte et à la nouvelle disposition des mains sur le clavier.
N’oubliez pas non plus que le jeu rapide USE et DÉTRUIT le modèle de la pièce créée en mémoire, parce qu’il peut toujours se produire des fautes mineures, négligées lors d’une exécution de la version rapide. Le cerveau enregistre tout, il y a donc un risque élevé qu’il mémorisera une erreur pour de bon et remplacera de manière inattendue le bon réflexe par celle-ci. C’est pourquoi des musiciens professionnels jouent l’intégralité du programme en tempo moyen après un concert afin de RÉPARER leur version modèle, c’est-à-dire de supprimer les défauts accidentels.